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Bruxelles le 15 mars 2025

 

Prise de parole du Collectif des Madrés à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre les violences policières

 

Bonjour à toutes et tous.

 

Aujourd’hui, en cette journée mondiale de lutte contre les violences policières, nous prenons la parole à deux voix, car ce combat est collectif. Il est celui des mères, des familles, des personnes précarisées qui subissent un système de contrôle et de répression permanente.

Nous parlons aujourd’hui des violences visibles, celles qui mutilent, celles qui tuent, celles qui arrachent des vies sous les coups de matraques, sous l’étouffement d’une clef d’étranglement, sous la négligence criminelle de ceux qui détiennent un pouvoir immense sur nos corps. Mais nous parlons aussi de celles qui ne laissent pas de traces, celles qui s’immiscent insidieusement dans nos existences : les humiliations répétées, le stress chronique, la peur qui s’incruste dans nos esprits et finit par nous épuiser.

Et puis il y a ces violences institutionnelles, celles qui se justifient dans le langage froid des politiques publiques, celles qui sont votées à huis clos et habillées de termes aseptisés.

Regardons l’accord de gouvernement qui, d’emblée, associe immigration et sécurité, sans-papiers et trafic de drogue, insécurité et présence des pauvres dans l’espace public. Ce ne sont pas des coïncidences. Ce sont des choix politiques. Ce sont des discours qui, sous couvert d’ordre et de protection, désignent des coupables, fabriquent des boucs émissaires, légitiment les contrôles abusifs et les expulsions violentes.

 

Quand des citoyens aisés demandent à ce que l’on « nettoie » leur quartier, quand ils exigent que la police traque les plus vulnérables, quand les élus répondent par des mesures de plus en plus répressives, est-ce que cela vous étonne que les violences policières se perpétuent ? Est-ce que cela vous étonne que nos fil, frères, pères tombent sous les coups ?

Ceux qui pensent que la sécurité passe par la répression se trompent. La sécurité, la vraie, c’est celle d’un toit au-dessus de la tête, d’un accès aux soins, d’un emploi digne, d’une éducation juste pour tous et d’une vraie égalité des chances. Ce n’est pas la présence de militaires dans les gares, ni des drones dans les rues, ni des arrestations arbitraires qui feront disparaître la misère sociale.

 

Nous, Collectif des madrés, en tant que soignants, en tant que parents, en tant que militants, nous voyons l’impact de ces politiques sur nos corps, notre santé mentale, sur nos vies. Sur celle de nos ami.es, de nos voisin.es, de nos collègues, de nos camarades. L’hypertension, les crises d’angoisse, la charge raciale, ce poids invisible qui nous écrase et que personne ne veut reconnaître. Ce n’est pas de l’ordre, c’est de la violence. Une violence que l’État refuse de nommer, mais que nous subissons chaque jour.

 

Alors aujourd’hui, nous disons : assez.

Assez des violences policières : assez.

Nous refusons que nos quartiers soient gérés comme des zones de guerre. Nous refusons que nos enfants grandissent dans la peur. Nous refusons que des vies continuent d’être brisées par une police qui ne protège pas mais réprime.

Nous sommes ici pour porter la voix des victimes. Nous sommes ici pour rappeler que la violence d’État n’est ni une fatalité ni une réponse. Nous exigeons justice, réparation, et un changement radical de modèle.

Nous ne cesserons jamais de nous battre pour un monde où la dignité de chacun est respectée. Où la peur n’a plus sa place. Où nos quartiers ne sont plus criminalisés, mais écoutés et soutenus.

 

Nous sommes là. Nous serons toujours là. Et nous ne lâcherons rien.

Binta Liebmann Diallo, Latifa Elmcabeni et Julia Galaski pour le Collectif des Madrés

avec le soutien du Front de mères Belgique.

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